QUELS MODÈLES AGRICOLES POUR LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE ?
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A59 • La nécessaire réforme de la PAC: intégrer l'agroécologie dans la PAC
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Pour la PAC, le principal obstacle à la transition écologique, est que la production agricole est appréhendée comme un marché, et non comme une activité nourricière aux multiples bénéfices.Tout d’abord, la transition écologique requiert un effort collectif (l’ensemble des acteurs) qui consiste à cesser de penser que la croissance économique est une condition à notre survie et de considérer les valeurs écologiques et sociales comme un progrès.
Dans le cadre de la PAC, le volet sur les organisations communes de marchés (OCM) comprend des mesures de gestion et de régulation des marchés qui, en prenant d’autres orientations, pourraient être plus favorables aux productions locales et nationales. A un autre niveau, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et plus précisément les accords de libre-échange dans le secteur alimentaire influencent profondément le marché agroalimentaire de l’Europe et nuisent à la protection d’un système agricole et alimentaire résilient. Aussi, les lobbies de puissantes sociétés industrielles de l’agroalimentaire exercent une pression sur les institutions européennes, et condamnent la PAC à rester un outil au service de l’agro-industrie en marginalisant des modèles d’agriculture traditionnels. Par leurs pratiques, ils mettent en danger la santé publique en matière d’alimentation et la pérennité de notre environnement. De plus, les puissances économiques que représentent les lobbies industriels menacent la démocratie ; ils éliminent les représentants de la société civile ou toute autre organisation qui opposerait ses intérêts aux siens. Une des conditions pour une transition écologique de la PAC serait de limiter de manière drastique l’influence des lobbies industriels auprès des institutions européennes. Ajoutons, qu’il est déjà difficile aux représentants de la société civile d’avoir une réelle influence dans le processus décisionnel européen.
Dans la pratique, il apparaît qu’une transition écologique dans le secteur agricole, nécessite de renoncer à l’agriculture industrielle ; celle-ci ayant des conséquences environnementales et sanitaires désastreuses. La sonnette d’alarme qu’est le changement climatique vient conforter l’idée que des
alternatives aux systèmes actuels doivent êtres trouvées pour assurer l’avenir de l’ensemble du vivant. Les alternatives agricoles découlent d'une agriculture a fortes valeurs sociales et écologiques, et sont à puiser dans les techniques d'agroécologie et les modèles d'agriculture paysanne. Aussi, l’essor de l’agroécologie, ne pourra avoir lieu, que si le nombre de moyennes et petites exploitations s’accroît. Pour cela, les décisions politiques sont fondamentales. Pour l’instant, les subventions européennes dans le secteur agricole sont nécessaires pour pouvoir insuffler une nouvelle dynamique et maintenir le métier agricole. Elles permettent un soutient financier et structurel conséquents à échelle européenne, qui ne pourraient être mobilisable autrement. Seulement, il serait intéressant que le programme post 2020 ait pour objectifs qu’à terme, les agriculteurs ne soient plus dépendants de ces aides. Pour autant, maintenir certaines subventions sont nécessaires pour palier les déséquilibres qui pourraient persister ou continuer de valoriser les externalités positives de l’agriculture.
Cela s’accompagnerait d’un accès au foncier et un soutient à l’installation pour les petites et moyennes exploitations par les Etats et l’Union Européenne, au moyen d’un panel d’outils juridiques, financiers et matériels.
Dans le même temps, la réforme de la PAC est une opportunité d’implanter un cadre commun pour des mesures environnementales ambitieuses, Cela nécessitant de faire appel à des spécialistes sur les questions environnementales de l'agriculture ( agronomes, ONG, scientifiques). Il s'agit de mettre en place des mesures qui révolutionnent les mécanismes de production. La rémunération des bonnes pratiques par des « paiements pour services environnementaux » se présente comme une solution plus viable. C’est aussi un vecteur de reconnaissance de l’utilité de l’agriculture pour la préservation de l’environnement.
De plus, l’accompagnement des agriculteurs dans la transition d’un modèle d’agriculture conventionnelle vers un modèle d’agriculture durable est indispensable pour voir apparaître un changement à grande échelle. L’augmentation du budget des aides du second pilier, par transfert des aides du premier pilier est une solution durable à long terme, qui permettrait de cibler le développement des alternatives agricoles. Quant aux mesures déjà existantes qui sont efficientes, elles pourraient êtres renforcées. Une réorganisation des mesures et une simplification de certaines conditions, pourraient aussi permettre plus de transparence des mesures auprès des agriculteurs.
(Extraits de conclusion, Mémoire: "La nécessaire réforme de la PAC : intégrer les alternatives agricoles dans la PAC", Irène Albarel, 2019)
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