QUELS MODÈLES AGRICOLES POUR LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE ?
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A78 • Place de la technologie dans l'agriculture
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Les technologies douces doivent être fondamentalement priorisées. Par technologie douce, je fais allusion à une meilleure connaissance des interactions entre les êtres vivants (plantes, insectes, animaux) et une gestion complexe et intelligente du milieu. Ce type de technologie a été dépréciée depuis des décennies alors qu'elle est la plus durable. Certains diront que cela n'apporte rien, mais c'est faute d'avoir pris la peine de chercher. Tous les crédits de la recherche ont en effet été affectés à des technologies lourdes (et rentables pour l'industrie). Si ces sommes avaient été investies dans cet autre domaine, nul doute que nous aurions trouvé des solutions très intéressantes et révolutionnaires. Ce n'est certes pas la solution la plus facile, car elle exige des paysans des connaissances approfondies et complexes, adaptées aux milieux dans lesquels ils travaillent, mais c'est la seule solution durable et respectueuse des générations futures.
Certaines technologies hi-tech peuvent être encouragées comme les OAD (Outils d'Aide à la Décision), afin d'optimiser l'irrigation, ou l'utilisation de certains pesticides lorsque leur usage est indispensable, et si ces technologies n'entraînent pas un endettement insupportable pour les agriculteurs. Comme pour toute introduction de nouvelle technologie, il faut garder à l'esprit que cela entraînera un déséquilibre croissant du marché alimentaire mondial. Les petits paysans pauvres du Tiers-monde pourront encore moins qu'aujourd'hui lutter face à des produits encre moins chers et subventionnés, dont les prix d'achat seront encore plus qu'aujourd'hui inférieurs aux prix de production locale. Ils ne pourront pas investir dans ces nouvelles technologies. Ils faut donc réformer l'OMC et créer des zones de concurrence entre pays disposant des mêmes moyens de production. Le système actuel globalisé, dans lequel toutes les agricultures se retrouvent en concurrence entre elles, détruit les agricultures locales et promeut la dépendance alimentaire des pays pauvres. C'est inacceptable.
Enfin, des technologies dangereuses doivent absolument être interdites, notamment parce qu'elles auront des effets irréversibles, non maîtrisées et des conséquences non prévisibles. J'entends par là toutes les technologies génétiques (OGM, PGM), qui relèvent d'un idéal scientiste, qui auront des conséquences sur la nature entière et conduisent à l'inconnu. Ces technologies sont vantées par les industriels dont on peut légitimement douter des visées philantropiques. Elles visent uniquement à asservir encore plus les paysans, à privatiser le vivant et à augmenter leurs bénéfices. Certains paysans canadiens ont dû payer des amendes d'un montant gigantesque, pour avoir cultivé involontairement des PGM échappés de champs voisins (car le pollen ne s'arrête pas aux limites des propriétés). C'est ça la réalité de l'industrie des PGM. Par ailleurs, ces PGM sont ou seront contreproductives, car elles encouragent l'utilisation accrue des pesticides pour les PGM tolérantes et provoqueront des résistances aux insecticides synthétisés par les PGM insecticides. La course en avant devra se poursuivre indéfiniment. L'argument de nourrir la planète est l'argument classique mais jamais vérifié des promoteurs de nouvelles technologies disruptives agroalimentaires. La quantité de la production alimentaire n'est pas la cause des famines actuelles, ce sont bien les régimes politiques, les guerres et la pauvreté qui en sont très majoritairement à l'origine. A l'heure actuelle, 33 % de la production alimentaire est jetée, ce qui met en lumière l'absurdité de telles affirmations. En tout cas, si l'industrie des PGM revient à l'attaque, il faudra impérativement un débat éclairé, citoyen, public sur le sujet, ainsi qu'un référendum, car les conséquences d'un tel choix nous concerneraient tous et toutes, sans retour possible et en ignorant les conséquences à long terme. Bref, retrouvons l'usage du bon sens.
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