QUELS MODÈLES AGRICOLES POUR LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE ?
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A241 • Cultiver l'opposition des modèles agricoles et alimentaires est stérile!
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Nous voyons apparemment s’opposer plusieurs visions pour notre modèle alimentaire, agricole.
D’un côté une « pression sociétale » surtout influencée par des médias qui poussent vers du tout Bio court et local et en même temps le constat d’une réalité économique : 70% des français achètent leurs produits alimentaires en grandes surfaces.
Mais l’enjeu essentiel, après 3 mois de mise à l’arrêt contraint de notre économie et une récession qui va fragiliser et précariser encore plus les populations, sera de garantir l’accessibilité de l’offre française de produits alimentaires à toutes et tous.
Mais gardons-nous de tomber ou de nourrir ces « caricatures » d’opposition !
Les démarches de politique alimentaire territoriale à forte valeur ajoutée ont beaucoup de sens, les filières organisées y contribuent largement déjà au travers des labels, signes officiels, démarches de valorisation, magasins de producteurs.
Les circuits courts et la vente directe existent et se développent notamment à proximité des métropoles proches des bassins de production parce qu’existent par ailleurs sur l’ensemble du territoire des filières organisées qui assurent une programmation de l’offre, son adaptation à la demande des marchés, exportent aussi et permettent d’atténuer la volatilité des prix aussi bien au niveau de la production que des consommateurs et de réguler tant soit peu les marchés.
Nous devons faire entendre, dans le foisonnement des réflexions autour de notre agriculture et des modèles alimentaires de demain, un message pragmatique de raison, pondération et surtout de complémentarité.
Tous les modes de production, les circuits de distribution ont leur place et leurs marchés !
Ce qui ne doit plus avoir de place dans le monde d’après c’est le dogmatisme, le dénigrement et l’agri-bashing ! On ne construit pas dans la défiance et le dénigrement !
Il y a cependant un danger certain que des acteurs politiques majeurs, sous la pression sociétale et électoraliste, misent massivement sur le retour à un « Martine à la ferme » en imaginant nourrir demain un marché de bientôt 800 millions d’européens presque uniquement avec des solutions ultra-locales et individuelles.
Le circuit court devrait s’entendre à minima sur une échelle nationale : renforcer notre capacité de production en France et favoriser l’achat national !
Au lendemain de la 2nde guerre mondiale, la coopération, la solidarité, la mutualisation ont permis de bâtir des solutions durables et humanistes dont nous profitons toujours près de trois quarts de siècle après.
La juxtaposition d’initiatives individuelles n’a jamais constitué une politique durable !
Sans cette vision et culture de l’effort collectif et partagé, la capacité à mutualiser des moyens…aurions-nous été capables de maintenir l’indispensable chaîne alimentaire avec l’ensemble des maillons de l’aval pendant cette période de confinement ?
Nos filières ont prouvé leur résilience dans cette période grâce à leur organisation et intelligence collective : campagne active de communication, travail efficace avec les services de l’État sur les mesures de protections des salariés…
Un des piliers, outils de cette intelligence collective, c’est notre Organisation Commune de Marché. Nous devons continuer de la préserver, de la défendre. Sa réussite est liée au M de marché. Vouloir en faire principalement un outil aux services d’enjeux nationaux et régionaux -certes louables- serait une erreur et amènerait de graves distorsions supplémentaires !
Sur un autre sujet, tout aussi sensible ; aurons-nous le temps de démontrer une fois encore notre résilience tant le sujet de la protection phytosanitaire est devenu grandement préoccupant ? Et pourrait signifier rapidement la fin de notre capacité à produire.
Bientôt sans les dernières molécules indispensables à la protection des récoltes et surtout en l’absence de solutions alternatives opérationnelles, serons-nous en mesure d’atteindre l’objectif d’une souveraineté alimentaire ? Sauf à continuer d’importer l’alimentation que nous ne voulons plus dans nos assiettes, celle ne respectant pas les normes environnementales et sociales européenne.
Il nous faut, un engagement massif dans la R&D, l’expérimentation et le pas de temps nécessaire qui va avec.
La question de l’utilité de plantes résistantes aux sécheresses, changement climatique et bio-agresseurs va se reposer avec encore plus d’acuité. Si nous voulons sortir du recours, même mesuré, aux pesticides, contribuer à notre souveraineté alimentaire mais aussi celle des pays émergents...alors questionnons à nouveau très vite les possibilités offertes par le champ des biotechnologies.
Nous avons un devoir de dialogue vers le politique, le grand public sur ce sujet, il nous faut faire tomber des barrières érigées bien souvent par des peurs infondées voire un déni de sciences.
Bon courage à nous tous ! Merci à vous producteurs !
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